Jeux d'Histoire du Ponant - club de jeux d'Histoire à Brest

dimanche 28 août 2016

Augusta Suessionum, anno domini 486

Symbole des temps : les Dragons ont remplacés les Aigles romaines, et voilà déjà dix années qu'Odoacre règne sur l'Italie. Syagrius est le fils d'Ægidius, "magister militum per gallias" (maître de la milice des Gaules). Il dirige un territoire autour de Soissons (Augusta Suessionum) où il maintient un semblant d'ordre romain malgré la pression barbare. Syagrius a bien demandé à Zénon, l'Empereur romain d'Orient, de lui reconnaître la légitimité de gouverner l'Occident, mais l'Empereur lui préfère Odoacre.

Chlodwig, "l'illustre au combat" est le fils de Childéric, officier de la milice en Belgique Seconde. Il devient le roi des Francs saliens à la mort de son père en 481, et ambitionne naturellement de régner sur les territoires que tenait son aïeul afin de continuer de faire appliquer la loi romaine. D'ailleurs, en cette période troublée, l’Église ne recherche-t-elle pas un protecteur ? Chlodwig (appelons-le Clovis par commodité) qui est un Franc païen et bien plus fréquentable qu'un Wisigoth hérétique arien ! Quant à Syagrius, abandonné par Constantinople, pèse-t-il vraiment lourd ?


Clovis et Syagrius ambitionnent les mêmes honneurs, sur un même territoire. La Gaule peut-elle admettre deux coqs dans la même basse-court ? Clovis défie Syagrius, qui accepte de le rencontrer sur une plaine proche de Soissons. Nous sommes en 486.

Les Gallo-romains sont dans la plaine, en face d'eux, les Francs de Clovis
Le Salien a rameuté sa famille, mais son cousin Cararic se montre prudent et reste au loin
Les deux armées se rapprochent
Les centres en arrivent rapidement aux mains...
...alors que sur les ailes, les unités de cavalerie bousculent les troupes légères ennemies
Clovis lui-même mène l'assaut
Mais la ligne "romaine" ne rompt pas, et le Franc, isolé, capitule

Cararic ne sera pas intervenu, et c'est sans doute sa trahison qui aura précipité la défaite de Clovis sur notre table. Pourtant l'Histoire enseignée dans nos écoles prétend le contraire. Comment expliquer alors cette différence ?



Peut-être Syagrius se tourna-t-il alors vers le Sud, pour en finir avec les Wisigoths ? Mais il échoua, et fut tué par Alaric II. Clovis, emprisonné, bénéficia de complicités pour s'évader et réaffirma sa royauté.

Clovis s'employa alors à faire disparaître les traces de ce fâcheux épisode. D'ailleurs, ne raconte-t-on pas qu'un an plus tard, alors qu'il passe ses troupes en revue à Soissons, Clovis est défié par l'un de ses soldats qui lui rappelle sa bataille perdue ? Hors de lui, le roi lui brisa le crâne d'un coup de hache.

dimanche 21 août 2016

Blitz, Spits, et As de pique


"Soit nous obtenons des Spitfire  dans les jours qui viennent, et non pas des mois, soit tout est fini pour nous". C'est ainsi qu'en février 1942 le Squadron Leader Stan Turner résume la situation à Sir Hugh Lloyd, commandant la RAF à Malte sur la situation catastrophique de l'ile. En effet, Malte est assiégée depuis l'été 1940, et l'Axe déploie tout ses efforts pour réduire une fois pour toute cette épée de Damoclès en plein milieu de la Méditerranée.


Allemands et Italiens s'accordent pour bombarder sans cesse les infrastructures de l'île et les convois de ravitaillement. Ils disposent en effet d'une évidente supériorité aérienne, et les 14 Hurricane fatigués ne font pas le poids face aux nouveaux Messerschmitt Be109F du Jagdgesschwader 53 (surnommé "As de Pique") et aux Macchi C202 Folgore italiens.

Le 7 mars 1942, les 15 premiers Spitfire Mk.V sont enfin livrés par le porte-avions HMS Eagle


Notre scénario nous porte aujourd'hui sur l'un de ces raids de la Luftwaffe sur Malte. Un groupe de Stuka, escorté par des 109, est repéré.
Un "Rotte" de 109 éclaire la route des Stuka
Comme lors de la bataille d'Angleterre : les rapides Spitfire se ruent sur les chasseurs d'escorte...
...alors que les Hurricane, plus lents, se chargent des bombardiers
Les premiers contacts se font aussitôt, malgré de nombreux nuages
Les Spitfire perturbent le dispositif allemand...
...et bientôt le chaos s'installe, amplifié par les tirs de la DCA britannique
Un premier 109 est malmené
Les cibles sont en vues
Les Stuka se préparent à livrer leur mortelle cargaison ...
 ...mais les avions allemands sont éparpillés...
...et de nombreux bombardiers sont touchés
L'approche des Stuka sur leurs objectifs est difficile, et pas vraiment efficace
 Les cibles sont finalement traitées par les chasseurs d'escorte, distraits de leur mission première...
...alors que la RAF reprend la maîtrise du ciel


Sur notre table de jeu, l'aviation allemande aura réussi à infliger de nombreux dégâts aux infrastructures aéroportuaires de Malte. Mais pas assez, et au prix de nombreux bombardiers détruits.

Malte pourra poursuivre sa résistance héroïque, et continuer de nuire aux ambitions de l'Axe en Afrique du Nord.

samedi 13 août 2016

Un vol d'hirondelles


La seconde guerre mondiale a enclenché une accélération technologique dans de nombreux domaines. Parmi ces derniers, l'aviation est sans doute l'un des plus remarquables. Les moteurs à pistons des premières années du conflit ont évolués en des mécaniques bien plus puissantes et robustes, alors que surgit un nouveau procédé révolutionnaire : le moteur à réaction.

C'est ainsi que naît le premier véritable chasseur à réaction : le Messerschmitt Me262 "Schwalbe" (L'Hirondelle).




 Notre scénario nous porte aujourd'hui le 14 février 1945, entre les Pays-Bas et l'Allemagne.

Un groupe de quatre Hawker Typhoon canadiens, du 439ème escadron de soutien au combat, est en mission de reconnaissance dans le secteur Coesfeld-Enschede. Les chasseurs-bombardiers rentrent à leur base après avoir "traité" un train ennemi.


Les pilotes canadiens, entre les mains du Destin...
...qui, malicieux, met sur leurs chemins deux chasseurs à réaction ennemis
La formation canadienne éclate à l'approche des jets allemands
Un Me262, imprudent, est touché
Les Allemands tentent de se dégager...
...mais un seul parviendra à s'extraire de l'emprise meurtrière des Typhoon
Le survivant cherche à se replacer favorablement...
...et cherche une faille dans le dispositif ennemi
Mais les Canadiens sont rapides et manœuvrent bien
Le pilote inexpérimenté tombe sur plus fort que lui
Le Canadien tire, et touche
Le Messerschmitt parvient à se poser, pour être copieusement arrosé par les canons adverses

Notre partie (sur la règle Check your 6!) s'est conclue sur un résultat similaire à l'historique : les deux Me262 ont été abattus.

En ces derniers mois de guerre, l'Allemagne ne disposait plus de pilotes expérimentés en nombre suffisant pour armer ces nouveaux engins. De plus, l'avancée, réelle et visible, de l'industrie aéronautique allemande n'a pas pesé bien lourd face à la force industrielle des alliés qui disposaient d'hommes et de matériels en quantité.

Le Me262 aura été le chant du cygne d'une époque, mais a ouvert l'aviation à une nouvelle ère : celle du jet.

dimanche 7 août 2016

Du côté du Muthul

Jugurtha est le petit-fils du roi de Numidie Massinissa. Personnage brillant et ambitieux, il se distingua tout particulièrement lors du siège de Numance lors de la seconde guerre punique sous les Aigles romaines.

Son oncle Micipsa l'appela à partager son héritage avec ses cousins Hiempsal et Adherbal. Jugurtha fit assassiner le premier et récupéra ses territoires. Rome lui ordonna de se justifier, mais il convainquit les sénateurs, sensibles aux généreux cadeaux reçus, de son bon droit. Il se retourna alors contre Adherbal qu'il fit égorger, unifiant par le sang le royaume de Numidie.

Rome réagit : une première armée fut dépêchée contre Jugurtha, qui parvint, une fois encore, à corrompre son général. Une seconde armée est envoyée à sa rencontre : à sa tête, le consul Quintus Caecilius Metellus.

Nous sommes en l'an -109. Laissons la parole à Salluste :

" Dans la partie de la Numidie qu'Adherbal avait eue en partage coule le fleuve Muthul, qui prend sa source au midi. A vingt mille pas environ, se prolonge une chaîne de montagnes parallèle à son cours, déserte, stérile et sans culture. Du milieu s'élève une espèce de colline dont le penchant, qui s'étend fort au loin, est couvert d'oliviers, de myrtes, et d'autres arbres qui naissent dans un terrain aride et sablonneux. Le manque d'eau rend la plaine intermédiaire entièrement stérile, sauf la partie voisine du fleuve, qui est garnie d'arbres, et que fréquentent les laboureurs et les troupeaux.

Ce fut le long de cette colline que Jugurtha s'arrêta, en serrant les lignes de son armée. Il mit Bomilcar à la tête des éléphants et d'une partie de son infanterie, puis lui donna ses instructions. Lui-même se porta plus près de la montagne avec toute sa cavalerie et l'élite de ses fantassins."



L'armée romaine s'engage dans la plaine. Sur la colline, les troupes numides sont embusquées et se préparent au combat : en les privant de l'accès à l'eau, les envahisseurs sont condamnés.
 L'alerte est donnée : les Légions font face aux Numides
Du haut de la colline, Jugurtha observe la scène...
...et ordonne sans attendre à sa cavalerie d'intervenir
Dès lors, l'armée de Metellus est encerclée
Les Romains protègent leurs bagages...
 ...et tentent même l'assaut de la colline    
Alors que l'on combat dans la plaine, une clameur surgit d'au loin
 Bomilcar, et ses éléphants, décident de se joindre à la curée
Hélas, les insaisissables cavaliers numides sont repoussés, l'infanterie débordée
Au pied de la colline, l'infanterie légère de Jugurtha ne fait pas le poids...
Les éléphants sont isolés sur une aile
...et sont fixés par les Princeps
 Malgré quelques tentatives de la cavalerie légère, Rome tient bon... 
...et repousse, partout, l'ennemi numide...
...sous l’œil de Jugurtha, qui comprend que la partie est terminée pour lui

L'armée numide n'est pas parvenue à ses objectifs : prendre les bagages, et interdire l'accès à la rivière. A l'image du récit de Salluste dans sa "Guerre de Jugurtha", la discipline romaine a triomphé de l'empressement et du manque de cohésion de son adversaire (dont chaque corps sur notre table démoralisait à un tiers de perte de ses effectifs).

Sur notre table, comme il y a 2100 ans, Jugurtha a perdu un royaume, alors que Rome rajoutait une nouvelle brique à la construction de son Empire.