Jeux d'Histoire du Ponant - club de jeux d'Histoire à Brest

mercredi 21 décembre 2016

Mission sur le Kent


Depuis début juillet 1940, la deuxième Luftflotte est sur le pied de guerre. Après les attaques sur les convois, ce sont les bases aériennes qui sont visées à partir du 11 août.

Ce matin du 15 août, la mission des Heinkel He111 du KampfGeschwader 53 basés à Lille consiste en un bombardement des aéroports du Sud-Est de la Grande-Bretagne.



Les He111 sont couverts par des Messerschmitt 110 du ZerstörerGeschwader 76 et par une patrouille haute de Me109E du JG 26.



Les pilotes s’attendent à croiser une opposition de Hurricane ou de Spitfire guidés par les radars, «comme d’habitude», pense le Major Reinhold Tamm, commandant du II/KG53, qui mène l’escadre de bombardement. Les avions décollent vers 9h00 et traversent le détroit de Douvres sans encombre.





Les He111 survolent la campagne paisible du Kent, les 110 d’escorte couvrent les ailes. Rien en vue pour l’instant.

Tout à coup, les Spitfire surgissent des nuages et se précipitent vers les bombardiers ; les Me109E de la patrouille haute piquent à leur tour vers les chasseurs anglais.
La mêlée devient générale alors que les Spitfire effectuent une première passe frontale sur le groupe de gauche des bombardiers allemands ; aucun résultat notable suite à ces premiers combats...
...sinon une collision entre un des chasseurs allemands et un Spitfire anglais au cours des manœuvres acrobatiques qui se déroulent en plein ciel. Un premier Spitfire prend feu alors que des débris endommagent un autre avion anglais.
Les Spitfire virent à 180° pour se mettre dans la queue des He111...
...mais se font surprendre par les Me110 qui reviennent sur eux et abattent un des avions du 19 Sqn.







Le pilote peut heureusement sauter en parachute et atterrit dans la campagne anglaise.





Les anglais endommagent à leur tour un des bombardiers et un des chasseurs de l’escorte.
 Mais se font prendre en sandwich entre les mitrailleurs des He111...
 ...et les canons des Me110.
Le dernier chasseur anglais persévère et finit par toucher un autre bombardier...
...mais il doit dégager rapidement, à cours de munition et poursuivi par les Zerstörer.


Les He111 poursuivent leur route vers les terrains d’aviation. La couverture de la chasse allemande a été efficace : 3 Spitfire sont au tapis, et les 3 autres doivent rompre le combat, à cours de munitions ou endommagés.

Aucune perte n'est a déplorer du côté de la Luftwaffe, même si un des bombardiers rentre sur un seul moteur. La victoire aura été allemande, mais il faudra repasser la Manche pour le vol retour, et ce sera une autre histoire !

lundi 5 décembre 2016

Première bataille de Torgau, 8 septembre 1759

1ère bataille de Torgau, ou bataille de Zinna.


Septembre 1759. La guerre de 7 ans est dans sa quatrième année. Après plusieurs succès initiaux, le roi Frédéric II de Prusse subit des revers contre les troupes coalisées autrichiennes, russes et suédoises. L’allié anglais de Frédéric lutte contre les Français en Allemagne, par l’intermédiaire des mercenaires hanovriens, ainsi qu'outre-mer, en Inde et au Nouveau-Monde.

En Allemagne du Sud, les choses avaient bien commencé pour Frédéric. En octobre 1756, son attaque surprise lui avait permis d’annihiler totalement le royaume de Saxe et de piller sa capitale, Dresde. Depuis 3 ans déjà, la Saxe fait partie de son royaume. Mais visiblement, en 1759, il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark de Prusse. Les revers s’accumulent : Paltzig en juillet puis Kunersdorf en août contre les Russes et les Autrichiens… De plus, Frédéric vient d’apprendre qu’une armée autrichienne vient d’envahir la Saxe et se rapproche de Dresde pour la libérer ! Une armée de renfort est envoyée en urgence au secours de la garnison assiégée. Cette armée, commandée par le général Wunsch se hâte vers la Saxe, mais trop tard ! Le 5 septembre, alors que Wunsch est proche de Dresde, il apprend que la ville est tombée. Un émissaire en provenance de Torgau, autre ville saxonne aux mains des prussiens, lui apprend que les Autrichiens viennent de démarrer un siège ; la garnison ne tiendra pas longtemps. A la tête de son armée d’une dizaine de milliers d’hommes, Wunsch se précipite vers Torgau pour se heurter, le 8 septembre, aux troupes commandées par le général Saint-André.

Les deux armées se font face près de Zinna, aux faubourgs de Torgau. Les objectifs de Wunsch sont simples : garder la maîtrise du terrain pour neutraliser le siège. Saint-André doit à tout prix chasser le Prussien hors de Zinna et si possible hors du champ de bataille.


Les deux armées en ligne, face à face. A gauche, Zinna et à droite, la Röhr, qui sépare l’infanterie de l’armée du Reich des 15 escadrons de cavalerie, prêtes à se lancer à l’assaut.


L’aile gauche prussienne est solidement installée sur une colline


L’infanterie autrichienne s’avance résolument. Les troupes sont composées essentiellement de bataillons de la Reichsarmee, ramassis hétéroclite de soldats plus ou moins bien entraînés et armés. La prise de Dresde leur a visiblement donné des ailes et ils n’ont peur de rien !


Ils laissent d’ailleurs quelques trous dans leurs lignes et les hussards de Malachowski en profitent pour tenter une infiltration entre le corps de cavalerie autrichien et les régiments d’infanterie trop avancés. Cette tentative sera repoussée avec quelques pertes de part et d’autre, mais le régiment de Hesse-Darmstadt a montré sa valeur au combat.

Les Autrichiens pénètrent dans Zinna...

...et les deux lignes se trouvent bientôt à portée de mousquets


L’artillerie prussienne et le bataillon de grenadiers 4/16 inflige leurs premières pertes aux troupes alliés ; les déroutes commencent, et plusieurs bataillons sont démoralisés.


Pendant ce temps, sur l’aile opposée au village, la cavalerie autrichienne tente de déborder la colline, sous le feu des canons prussiens. L’ordre oblique de l’infanterie prussienne fait merveille et la Reichsarmee a bien du mal à déborder les troupes de Wunsch, en infériorité numérique.


Les pertes s’accumulent autour de Zinna. Les Prussiens commencent eux aussi à subir des dommages importants. Les grenadiers se lancent alors au corps à corps, décidés à tout emporter sur leur passage.


Mais après un premier succès, ils sont repoussés derrière leurs lignes.


La cavalerie autrichienne se décide à monter à l’assaut, mais se fait repousser par l’artillerie. Cette dernière a pilonné régulièrement les bataillons qui lui faisaient face depuis le début du combat.


Ceux-ci se retrouvent sous le feu des bataillons de ligne prussiens encore intacts qui gardaient le centre et n’avaient pas encore été engagés. Leur intervention permettra aux Prussiens de maintenir leur position sur la colline et aux alentours de Zinna.

Alors que la nuit tombe, les troupes de Saint-André se replient sans avoir démérité. Torgau ne tombera pas cette fois-ci !

samedi 3 décembre 2016

Varsovie sur Seine

Après la chute de leur pays, de nombreux aviateurs polonais s'étaient réfugiés en France afin de continuer la lutte. Le 6 avril 1940, le groupe de chasse 1/145 "Varsovie" fut formé, et reçu le 18 mai des chasseurs légers Caudron CR-714 "Cyclone", initialement destinés à l'entrainement.

En fait, le "jouet" n'était pas tout à fait au point, l'Armée de l'air l'a tout simplement déclaré inapte au combat. Faute d'alternative, les Polonais le conservèrent. Le 2 juin, le GC 1/145 est transféré sur Dreux.

Notre action nous porte aujourd'hui au 03 juin 1940. L'Allemagne vient de déclencher l'opération "Paula", qui vise à écraser les infrastructures de l'Armée de l'air autour de Paris, afin de garantir la supériorité aérienne allemande pour les jours qui vont suivre.

Non loin de Villacoublay, trois Heinkel 111 rentrent de mission, allégés
Les bombardiers n'ont pas repéré les discrets "Cyclone" qui les chassent
Trois contre trois, le match semble équilibré...
...mais l'armement des chasseurs est bien léger face aux "gros" allemands...
 ...dont les mitrailleuses d'auto-défense ne restent pas muettes
 Un Polonais est blessé, un 111 est également touché
Aussitôt s'engage une terrible chasse
Le bombardier décroche, et son sacrifice permet à ses deux camarades de s'échapper

Le bilan de ce rapide engagement est d'un bombardier allemand abattu, pour un chasseur polonais endommagé. En fait, la qualité des pilotes polonais a permis de corriger les défauts du très léger "Cyclone". En juin 1940, ils auront marqués 12 victoire en 3 jours !

Le 18 juin, les pilotes polonais quittent la France, pour servir en Grande-Bretagne au sein de la RAF. La guerre est loin d'être finie pour eux.

lundi 21 novembre 2016

Montmuran, 10 avril 1354


Jeanne de Dol est la veuve de Jean de Tinténiac, occis lors de la bataille de Mauron face au parti de Monfort. En ce Jeudi saint de l'an de grâce 1354, elle a invité en son château de Montmuran le maréchal de France Arnoul d'Audrehem et ses hommes, Français ou Bretons partisans de Charles de Blois, à unsomptueux festin, accessoirement accompagné ''d'un grand nombre de demoiselles''.  

Pourtant, un jeune écuyer obscur du nom de Bertrand du Guesclin se doute que Hughes de Calveley s'empressera de saisir l'occasion, et tentera certainement une attaque surprise afin de faire un maximum de prisonniers afin d'obtenir de belles rançons.

Bertrand déploya donc  une trentaine d'archers et gens d'armes en embuscade dans la courbe de la route allant de Montmuran à Bécherel, par laquelle devraient arriver les Anglais.
Alors que le festin bat son plein, les troupes de Calveley arrivent en provenance de Bécherel
Confiant, Calveley mène sa troupe monté sur son destrier
Dès que les Anglais sont à portée, les brigands déployés par du Guesclin se découvrent

Les archers et brigands disposés par du Guesclin engagent les hommes de Calveley et font pleuvoir une pluie de flèches sur les montés anglais.  Les dégâts sont conséquents.
Calveley en personne doit se retirer à l’abri d’une haie pour ne pas succomber
Les troupes anglaises partent à l'assaut des brigands de Guesclin...
...et n'hésitent pas à les charger à travers le talus

Après plusieurs affrontements et replis, les unités bretonnes dans le bois s’enfuient face aux sergents d’armes anglais. En revanche, leurs acolytes derrière la haie repoussent la charge anglaise et donnent bien du mal aux soldats monfortistes.
Alerté par ses hommes, Bertrand du Guesclin sort à l'attaque des anglais
Du Guesclin et le maréchal engagent le combat avec les Anglais

Ayant sans doute abusé des mets de son hôte, le jeune Bertrand ne fait guère d’éclats lors de ses joutes avec les Anglais. Néanmoins, son arrivée sur le champ de bataille avec les hommes du sire d’Audrehem découragent les derniers fâcheux qui battent bientôt en retraite.
Défait, Calveley se retire avec le peu d'hommes qui auront survécu 

Avec moins d'un tiers de survivant anglais, le chemin sanglant porte bien son nom. Au bilan, si les pertes anglaises sont nombreuses, point de capture, et nulle rançon n'est hélas à prévoir.  Du Guesclin n’a certes guère brillé au combat mais en prévenant cette attaque surprise, il a évité une déconvenue majeure pour le camp de Charles de Blois.

C’est certainement avec une pointe de nostalgie que Bertrand reviendra à Montmuran 20 ans plus tard convoler en seconde noce.

dimanche 20 novembre 2016

Retour à Coronel



Pour cette deuxième partie sur la bataille de Coronel , nous avons considéré que le HMS Canopus, un cuirassé anglais mis à l’eau en 1900, avait pu rejoindre l’escadre de l’amiral Cradock avant l’affrontement avec la flotte allemande.

En réalité, le navire se trouvait à plus de 200 milles de la flotte anglaise et n’avait pu se joindre au combat.



Notre amiral Cradock a donc à sa disposition une flotte de 5 navires, 2 croiseurs cuirassés : le Good Hope (navire amiral) et le Monmouth, un cuirassé : le Canopus, un croiseur léger et un croiseur auxiliaire, l’Otranto, paquebot reconverti en navire de combat. Seul le croiseur léger Glasgow est un navire moderne. En face, les deux croiseurs cuirassés Scharnhorst et Gneisenau mènent la file allemande devant les croiseurs légers Dresden et Leipzig. Les navires allemands sont un peu moins puissants mais sont plus modernes et disposent d’un meilleur équipage.

Le combat démarre vers 18h30 alors que les deux flottes suivent une trajectoire convergente plein Sud. La nuit ne va pas tarder à tomber et l’amiral anglais décide de virer vers la flotte allemande pour chercher rapidement le contact. Le brillant amiral Von Spee, profitant de sa vitesse plus élevée barre le T de Cradock et ouvre le feu le premier, infligeant des dommages légers au Good Hope. Celui-ci riposte et endommage à son tour le navire amiral allemand, le Scharnhorst.
 
L’Anglais poursuit sa manœuvre et les deux lignes de bataille défilent l’une en face de l’autre à moins de 8000 yards. L’Anglais, qui a gagné l’initiative endommage fortement le Scharnhorst et l’amiral Von Spee doit transférer sa marque à bord du Gneisenau. Mais la puissante artillerie allemande fait feu ensuite et le Good Hope prend plusieurs impacts dans sa batterie principale et dans sa salle de machine, réduisant sa vitesse à 10 nœuds.

L’Otranto décide de faire cavalier seul pour couper la route de l’escadre allemande et s’écarter ainsi du combat principal.

Les deux flottes de combat ralentissent alors pour se canonner à leur aise. Le Good Hope, toujours en panne de machines, reste prudemment protégé derrière les autres navires de la flotte anglaise, alors que le Scharnhorst a rétrogradé et est passé serre-file de l’escadre allemande : ses moteurs ne lui permettent plus une vitesse supérieure à 10 nœuds. L’artillerie allemande, plus précise, commence à faire des dégâts et le Monmouth doit faire face à une voie d’eau qui le ralentit. Les deux flottes profitent de cette configuration pour lâcher une salve de torpilles. Aucune de celles-ci ne fera mouche, la distance élevée limitant fortement la probabilité d’impact.
 
Von Spee décide alors, profitant de la vitesse plus élevée de sa flotte, de passer sur l’arrière de l’escadre anglaise avec Le Gneisenau et le Dresden, le Leipzig ayant pour mission de couler l’Otranto. Le Scharnhorst est laissé à l’arrière et servira de cible aux navires anglais dont la ligne de bataille a totalement éclaté. 

La bordée allemande endommage gravement le Monmouth qui prend feu et qui subit des voies d’eau. Le Scharnhorst prend feu lui aussi mais riposte et cause des dégâts sur le Canopus

Il est 19h06, le Gneisenau et le Dresden prennent en enfilade arrière la ligne anglaise et concentrent leurs feux sur le Monmouth ; celui-ci est envoyé par le fond et ne laisse que quelques survivants surnager dans les eaux froides du Pacifique Sud.

Le Canopus et le Glasgow continuent à avancer à vitesse réduite en tirant sur le Scharnhorst, laissant le Good Hope toujours en panne de moteur à la merci des croiseurs allemands. Le navire amiral anglais prend feu à 19h18 et rejoint au fond de l’eau le Monmouth

Seul le Glasgow est encore à peu près intact. Le Canopus prend aussi l’eau et son poste de contrôle de tir est inopérant. Le Glasgow décide de filer cap à l’Est pour essayer d’échapper aux croiseurs allemands, en meilleur état que lui. Le Canopus sera bientôt achevé par le Gneisenau dont l’équipage, galvanisé par le présence de Von Spee, aura coulé à lui seul les 3/4 de la flotte anglaise !

En conclusion à ce remake de la bataille de Coronel, nouvelle victoire allemande, sans discussion (le décompte de points de victoire, suivant la règle Grand Fleets 3ème édition, qui a servi de support à cette partie, nous donne un résultat de 150 points pour les Allemands contre 25 pour les Anglais). Le Monmouth, le Good Hope et le Canopus sont coulés. L'Otranto est abandonné à 5 nœuds, sans possibilité de tir et à la merci du Leipzig qui le canonne à très courte portée. Le Scharnhorst est très endommagé mais l’équipage allemand a réparé les dégâts subis. Si sa vitesse est réduite, il pourra néanmoins rejoindre le port neutre de Valparaiso et retrouver le reste de l’escadre allemande pour la bataille des Falklands. Le Gneisenau et les deux croiseurs légers sont quasiment intacts.